III) Quels ont-été les impacts de Tchernobyl sur les sociétés et l'environnement?

La catastrophe de Tchernobyl a causé de graves problèmes environnementaux et liés à la santé. Les habitants ont dû vivre dans des conditions désastreuses dans lesquelles ils ont développé des maladies graves, voire mortelles. Nous verrons donc dans cette partie les impacts de la catastrophe sur les sociétés.

A) Conséquences environnementales

1) Terre

Pendant les dix jours après l'accident, un rejet important de radionucléides s'échappe de la centrale en contaminant plus de 200 000 km2 à un rayon de 100km du réacteur, ces radionucléides sont les isotopes de strontium et de plutonium. D'ailleurs l'isotope de plutonium et l'américium 241 restent radioactifs pendant plusieurs milliers d'années. Les surfaces à l'air libre comme les routes, les espaces verts et les toits sont les plus contaminées, comme à Pripyat où une rapide évacuation a dû être mise en place et fut la cause de l'inhabitation de cette ville surnommée alors "ville fantôme".

Interview :  

Votre famille a-t-elle été touchée par la catastrophe ?                                                                                                              "Au niveau des déménagements, oui, puisque ma mère était enceinte de moi quand la catastrophe a eu lieu. Au départ, les populations n'étaient pas informées et au fur et à mesure, les gens se sont rendus compte que quelque chose se passait mais personne ne savait exactement quoi. Petit à petit, la population s'est rendue compte que c'était vraiment grave et tous les moyens de transports (avions et trains) étaient pleins. C'était surtout les familles des personnes travaillant au Gouvernement, sachant exactement ce qu'il s'était passé, qui quittaient le pays donc pour les gens , c'était vraiment difficile de partir de la ville. Ma mère voulait partir à Moscou où il y avait de la famille de mon père. Mais finalement elle est allée en Sibérie près de Sourgout au Nord de la Russie car il y avait de la famille mais mon père est resté pour son travail. Je suis née là-bas et suis restée 3 ans à Sourgout. Ma mère ne voulait pas que je retourne tout de suite à Kiev. J'y suis retournée juste une fois en hiver pour voir mon père car à ce qu'il paraît l'hiver, la radioactivité est moins importante."

Comment votre famille a su qu'il se passait quelque chose ?                                                                                                      "Je pense que cela a commencé du bouche à oreille. Personne ne savait exactement ce qu'il se passait mais après des rumeurs ont commencé à circuler. C'était en avril, mais les gens disaient qu'il ne fallait pas ouvrir les fenêtres ou les couvrir avec du papier journal au niveau des ouvertures afin de ne pas laisser entrer l'air avec les radiations. Mais bon on savait qu'il se passait un truc et qu'il ne fallait pas être exposés. Tout le monde restaient chez eux puis après tout fini par s'apprendre. Il y a forcément quelqu'un qui connaît quelqu'un qui connaît un membre du Gouvernement. Je crois que c'était par le bouche à oreille puis les médias ont confirmé la nouvelle. Par exemple, il y a une anecdote assez marrante, quand ma mère a réussi à partir elle était déjà très enceinte, et la seule compagnie aérienne qui existait à l'époque (Aéroflote) avait interdit aux femmes enceintes de voyager (à partir de 4 mois de grossesse). Mon père avait un très bon ami qui était médecin (cardiologue) et qui avait donné un certificat à ma mère confirmant qu'elle était enceinte de moins de 4 mois. L'hôtesse à l'aéroport voyant le ventre de ma mère lui dit : « Mais madame vous ne pouvez pas voyager, vous êtes enceinte d'au moins 8 mois! », ma mère a sorti le certificat médical la permettant de voyager et de prendre l'avion. Donc voilà, c'était un peu ridicule parce que même avec un énorme ventre, si on avait un papier on pouvait le faire, donc la pauvre dame elle ne pouvait rien faire et c'est comme ça que ma mère a pu partir."

Heureusement, le vent, la pluie et l'activité humaine ont permis la réduction de la contamination de la surface des sols. Cependant, on aperçoit toujours une contamination secondaire dans les égouts et les boues d'épuration

Sur le long terme, le radiocésium présent dans le lait, la viande et certains végétaux est un grand sujet de préoccupation, en effet les radionucléides, sur les zones d'élevage, ont contaminés les animaux, qui en mangeant l'herbe, ont contaminé la viande et le lait qui a ensuite entraîné des maladies comme le cancer de la thyroïde. Cependant la concentration se situe en dessous des niveaux sûrs.
Quant à la contamination dans les forêts et les montagnes, la végétation a absorbé un fort taux de radiocésium. Le fort niveau d'activité se situe principalement dans les champignons, les baies et le gibier. L'impact relatif à l'exposition provenant des produits forestiers se réduit seulement pendant la migration des sols mais cette décroissance des matières radioactives est lente.


2) L'eau

La contamination des eaux de surface à travers la plupart de l'Europe a baissé rapidement grâce à la dilution, à la décroissance physique, et à l'absorption de radionucléides dans les sédiments du fond et dans les sols des bassins versants. Toutefois, en raison de la bio-accumulation dans la chaîne alimentaire aquatique, on a trouvé des concentrations élevées de radiocésium dans des poissons provenants de lacs aussi éloignés que ceux d'Allemagne et de Scandinavie. Les rivières comme le Pripiat, l'Ouj, le Sakham, la Braguinka destinés à stocker l'eau nécessaire pour le refroidissement de la centrale ont été contaminés par des éléments radioactifs. Des années après l'accident, les plus grands bassins hydrographiques d'Europe après la Volga et le Danube continuent de recevoir de l'eau chargée de radionucléides. C'est notamment le césium 137 qui est le plus trouvé entre 200 et 30000 becquerels/L en 1986, alors que la concentration maximum acceptable recommandée est de 10 becquerels. Le césium 137 s'introduit alors dans la chaîne alimentaire et s'accumule dans l'organisme des espèces de poissons carnivores (ex: silunes, sandres...)
Certains effets sont la baisse de l'immunité, les anomalies du système reproducteur avec des poissons complètement ou partiellement stérile, anomalies morphologiques, et la détérioration de la chaîne alimentaire et évolutionnaire.


3) Animaux et plantes

Lorsque des doses élevées étaient maintenues à des distances relativement proches du réacteur il y eut une augmentation dans la mortalité des conifères, des invertébrés et des mammifères et une perte de la capacité de reproduction végétale et animale dans les zones à forte exposition sur un rayon de 20 à 30 kilomètres. Pendant les premières années après l'accident, les plantes et les animaux de la zone d'exclusion ont montré de nombreux effets génétiques des radiations. Encore aujourd'hui, il y a des rapports d'anomalies chez les plantes et les animaux à la fois dans la zone d'exclusion et au-delà. Au-delà de cette zone, aucun effet radio-induit aigu n'a été signalé. La réduction des niveaux d'exposition a permis aux populations biologiques de se rétablir, bien que l'on ait constaté des effets génétiques des rayonnements dans les cellules somatiques et germinales de plantes et d'animaux. L'interdiction d'activités agricoles et industrielles dans la zone d'exclusion a permis à de nombreuses populations végétales et animales de se propager et a créé paradoxalement un "sanctuaire unique de biodiversité".

Certes, quelques villages sont toujours interdits d'accès, mais la majeure partie de la population est revenue chez elle, là où la situation n'est pas assez grave pour nécessiter une évacuation. Plus grave, elle se nourrit de produits provenant de terres polluées. Et la vie a repris comme avant : on ramasse les champignons et les baies, on pêche et l'on chasse. Résultat, tous les habitants de Bryansk souffrent de problèmes de santé : taux plus élevés de cancers, malformations chez les nouveau-nés (en hausse de 250%), thyroïdes, fragilités osseuses, migraine.

B) Les conséquences sur la santé

1) Les personnes touchées par la catastrophe

Neuf millions d'habitants d'Ukraine, de Belarus et Briansk en Russie contaminés ont reçu une dose allant de 67 000 et 140 000 SV, soit environ 19 mSV par habitant, soit 6 fois supérieure à la radioactivité naturelle.
350 000 liquidateurs (personnel civil, techniciens, pompiers et militaire intervenu après la catastrophe dans la consolidation, l'assainissement malgré les très hauts niveaux de radiations) ont contenu et nettoyés la centrale. 240 000 liquidateurs ont reçu la plus grande dose de radiation, en moyenne une dose de l'ordre de 100 mSv (de 10 à 500 mSv) en menant d'importantes activités d'atténuation dans les 30 km de rayon autour du réacteur. Plus tard, on apprend qu'il y en avait 600 000 même s'ils n'étaient pas tous touchés par de grands niveaux de radiation.

Cinq millions de personnes ont été évacuées par l'armée dans la Belarus, la Fédération russe et en Ukraine où les niveaux de dépôt de césium radioactif sont de plus de 3Bq/kg/m2.
134 liquidateurs ont reçu des doses assez grandes pour avoir des maladies pour cause de radiation (ARS). Vingt-huit personnes sont mortes en 1986, certaines pour cause de radiation cependant on ne peut être sûrs de la cause. 

Interview :  

Votre famille a-t-elle connue des liquidateurs ?
Non je ne pense pas. Après il y a quelques années j'ai rencontré une dame qui était liquidatrice envoyée par la Suisse quelques temps après Tchernobyl c'était vraiment par hasard surtout que je l'ai connue en Suisse donc c'était inattendu. C'était très intéressant de rencontrer une personne étrangère qui aidait le pays. Beaucoup sont décédés
.

2) Le cancer de la thyroïde

Le cancer de la thyroïde est une multiplication anormale de cellules de la glande thyroïde. La maladie peut prendre plusieurs formes selon le type de cellules touchées dans la glande. L'iode 131 dans les champs mangé par les vaches contamine leur lait, qui contamine ensuite les environs 5 000 cas d'enfants qui boivent ce lait (environ 50Gy).
Ces symptômes sont une augmentation de volume de la thyroïde, un nodule ou une zone enflée dans la région du cou, des troubles de la déglutition, une toux irritative, un enrouement et des difficultés respiratoires.
Le traitement est très efficace, mais les enfants devront prendre des drogues pour le reste de leur vie pour remplacer la perte de la fonction de la thyroïde (9 décés).

Interview : "Concernant les maladies, on ne peut pas vraiment savoir si les maladies sont liées à la catastrophe. C'est vraiment difficile de savoir s'il y a un lien avec la catastrophe, mais je sais que ma mère a souvent des problèmes de thyroïde mais je ne sais pas si sans la catastrophe elle aurait eu ces problèmes. Mais on a tendance à croire qu'il y a un peu un lien, heureusement c'est pas très grave."


3) La leucémie

La leucémie est une maladie appelée également, cancer du sang ou leucose aiguë des organes hématopoïétiques (sang, rate, ganglion, moelle osseuse). Elle se caractérise par une production exagérée de précurseurs des globules blancs ("bébés" globules blancs) dans la moelle osseuse et le sang.
La radiation de l'iode est une des causes de la leucémie, le premier grand cas de leucémie était trouvé avec les survivants de la bombe atomique au Japon après 2 ou 3 ans d'exposition. La leucémie a notamment été trouvée avec les liquidateurs le cas est doublé parmi ceux les plus exposés. 


4) Le syndrome d'irridation aiguë

Le syndrome d'irradiation aiguë ou syndrome aigu d'irradiation (SAI) (ou fièvre des radiations, ou encore, anciennement, maladie des rayons) désigne un ensemble de symptômes potentiellement mortels qui résultent d'une exposition ponctuelle des tissus biologiques d'une partie importante du corps à une forte dose de rayonnements ionisants (rayons X, rayonnements alpha, beta ou gamma, ou encore flux de neutrons).
Les sources naturelles de rayonnement ne sont pas assez puissantes pour provoquer le syndrome, de sorte qu'il résulte le plus souvent d'activités humaines : accident nucléaire grave dans un laboratoire ou une centrale nucléaire (accident de criticité par exemple), exposition à une source radioactive puissante (source médicale ou d'instrumentation), explosion atomique, ou pollution nucléaire.
Il se manifeste généralement par une phase prodromique (période d'une maladie pendant laquelle un ensemble de symptômes avant-coureurs, annoncent la survenue de la phase principale de cette maladie.) non létale dans les minutes ou heures qui suivent l'irradiation. Elle dure quelques heures à quelques jours et se manifeste le plus souvent par les symptômes suivants : diarrhée, nausée, vomissements, anorexie (manque d'appétit), érythème (rougeurs de peau). S'ensuit une période de latence, dite Walking Ghost Phase, d'apparente guérison, d'autant plus courte que l'irradiation a été sévère ; elle dure quelques heures à quelques semaines. Enfin survient la phase aiguë, potentiellement mortelle, qui se manifeste par un vaste spectre de symptômes possibles, dont les plus fréquents sont liés à des troubles hématopoïétiques (production des cellules sanguines), gastro-intestinaux, cutanés, respiratoires et cérébro-vasculaires. Les conséquences des maladies sont deux cents ouvriers de la centrale et pompiers touchés, dont 28 meurent.

5) Les autres maladies

Cancer du sein : Petite augmentation découverte dans les zones les plus contaminées mais on ne peut savoir si ce cancer a un lien direct avec la catastrophe.
Cataracte : qui apparaît normalement à partir de 2Sv, mais sont apparus pour cet événement vers 250mSv.
Problèmes cardiovasculaires : doit être prouvé mais sont apparus chez les personnes qui ont reçu de grandes doses dans le coeur.
Santé mental et effet psychologique : grand niveau de stress, anxiété et des symptômes physiques médicalement inexpliqués. Ces problèmes ont ensuite généré un excès de consommation alcoolique et tabac fréquent.


Toutefois nous devons prendre en compte que toutes maladies trouvées chez les habitants n'étaient pas forcément liées à la catastrophe en effet, l'IRSN précise que :
« Les conséquences radiologiques de l'accident de Tchernobyl sur la santé des populations doivent être dissociées des effets qui ont été causés ou amplifiés par les changements radicaux [...] qui ont eu lieu en Union Soviétique au même moment. La période post-accidentelle a coïncidé avec la période de restructuration de la Perestroïka, qui a entraîné une chute brutale de tous les indices économiques, comparable à celle constatée dans des pays en guerre. [...] L'effondrement économique a eu un impact significatif sur les taux de mortalité et de morbidité. En Russie, le taux brut de mortalité est passé de 488 pour 100 000 en 1990 à 741 pour 100 000 en 1993, soit une augmentation de 52 %. En 1993, l'espérance de vie des hommes est tombée à cinquante-neuf ans, soit six ans de moins qu'en 1987. [...] Si l'on néglige cette augmentation globale de la morbidité et de la mortalité, l'examen isolé des statistiques sur les populations exposées du fait de l'accident peut aboutir à la fausse conclusion que ces effets sont en rapport direct avec l'accident. »

Conclusion :

Les impacts sur les sociétés sont tout d'abord les impacts environnementaux dans la terre, dans l'eau et pour les animaux et les plantes. Nous remarquons également des conséquences graves sur la santé comme le cancer de la thyroïde, la leucémie, le syndrome d'irridation aiguë et d'autres, portés par les liquidateurs comme par les enfants et les personnes agées plus sensibles. Cependant nous ne pouvons pas être sûrs que ces maladies sont liées à la catastrophe puisqu'elles peuvent se développer sans problèmes radioactifs.

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